Eugène Giraud, Le bal de l’Opéra, 1866. Oil on canvas, 172 x 125 cm, Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Courtesy Kunsthaus Zürich
ZURICH - Du 10 novembre 2017 au 28 janvier 2018, le Kunsthaus Zürich présente en exclusivité et pour la première fois en Suisse un panorama de la peinture française tiraillée entre l’académisme, dont l’ère prend fin au cours du 19e siècle, et une peinture obéissant davantage aux impulsions personnelles des peintres, qui s’émancipe peu à peu de ce canon. Romantisme, naturalisme, réalisme et impressionnisme se livrent alors une âpre concurrence pour gagner les faveurs du public. Les tendances dénigrées à cette époque sont aujourd’hui portées aux nues, et inversement.
À travers un peu plus de 100 tableaux, le Kunsthaus Zürich confronte différents courants de la peinture française du 19e siècle, dans une mise en regard qui révèle de forts contrastes mais aussi des points communs. L’approche nuancée de cette période cruciale de l’histoire de l’art fait avancer la connaissance, en particulier dans l’espace germanophone où la réception de l’art français a été réductrice.
DES NÉO-CLASSIQUES INNOVANTS, DES AVANT-GARDISTES TRADITIONNELS
Romantisme, naturalisme, réalisme et impressionnisme – ce sont les concepts stylistiques toujours utilisés pour classifier la peinture française du 19e siècle. Certains artistes appartenant à ces différentes écoles, comme Géricault, Delacroix, Corot, Daumier, Millet, Courbet, Manet, Sisley, Monet et Renoir, quittent à cette époque la «voie officielle» de la peinture, le style académique et néo-classique. Mais en dépit de leur démarche révolutionnaire, certains d’entre eux présentent aussi des facettes traditionnelles. Extrêmement controversés de leur vivant, ils comptent aujourd’hui parmi les «pionniers de la modernité» auxquels le monde entier rend hommage.
Il en va tout autrement des artistes très en vogue à l’époque comme Meissonier, Cabanel, Gérôme et Bouguereau: Aujourd’hui, et en particulier dans l’espace germanophone, ils végètent dans l’oubli – injustement car ils sont essentiels pour comprendre les évolutions de l’art de l’époque. Bien que fidèles à la peinture traditionnelle, ces artistes étaient eux-mêmes éminemment novateurs.
Ernest Meissonier, Campagne de France, 1814, 1864. Oil on wood, 51.5 x 76.5 cm, Musée d’Orsay, Paris. Courtesy Kunsthaus Zürich
Jean-Léon Gérôme, 7 December 1815, Nine o’clock in the Morning, 1868. Oil on canvas, 64.2 x 103 cm, Museums Sheffield. Courtesy Kunsthaus Zürich
LE SALON, CLÉ DE LA GLOIRE OU DE L’ÉCHEC
L’exposition se concentre sur les années 1820-1880: en 1822, Delacroix fait ses débuts au Salon, qui est alors la plateforme officielle d’exposition des artistes, et défie la manière néo-classique telle qu’un peintre comme Ingres peut l’incarner. En 1880, l’ère du Salon organisé par les pouvoirs publics prend fin. Par la suite, les autres expositions, le marché de l’art et le public endossent le rôle de «faiseur de roi» qui était le sien. Si à l’aube du 20e siècle, l’influence de la critique d’art pouvait encore rivaliser avec celle des acteurs évoqués cidessus, elle joue aujourd’hui un rôle bien moindre dans l’émergence et le déclin des artistes.
Eugène Delacroix, Chasse aux lions, c. 1861. Oil on canvas, 34.5 x 47 cm, Kunstmuseum St. Gallen, Vermächtnis Emma Lina Hendel, 1999. Courtesy Kunsthaus Zürich
POUR LA PREMIÈRE FOIS EN SUISSE
Pour la première fois en Suisse, l’exposition réunit une soixantaine d’artistes de différentes tendances de la peinture française en un panorama varié des genres picturaux de cette époque. Certaines œuvres, prêtées par le Musée du Louvre et le Musée d’Orsay, Paris, le Musée des Beaux-Arts de Rouen, le Museum of Fine Arts, Houston, le Art Institute de Chicago, le Metropolitan Museum of Art de New York et d’autres musées encore, sont exposées pour la première fois en Suisse.
Camille Corot, Orphée ramenant Eurydice des enfers, 1861. Oil on canvas, 112.7 x 137.2 cm. The Museum of Fine Arts, Houston, Museum purchase funded by the Agnes Cullen Arnold Endowment Fund. Courtesy Kunsthaus Zürich
Gustave Courbet, La source, 1862. Oil on canvas, 120 x 74.3 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York, H. O. Havemeyer Collection, Bequest of Mrs. H. O. Havemeyer, 1929. Courtesy Kunsthaus Zürich
Henri Fantin-Latour, White Roses and Peaches, 1873. Oil on canvas, 55 x 55 cm, Stiftung Sammlung E. G. Bührle, Zürich. Courtesy Kunsthaus Zürich
Edouard Manet, L‘évasion de Rochefort, 1880/1881. Oil on canvas, 143 x 114 cm, Kunsthaus Zürich, Vereinigung Zürcher Kunstfreunde, 1955. Courtesy Kunsthaus Zürich
Edouard Manet, La sultane, c. 1871. Oil on canvas, 96 x 74.5 cm, Stiftung Sammlung E. G. Bührle, Zürich. Courtesy Kunsthaus Zürich
Claude Monet, Sur la plage de Trouville, 1870. Oil on canvas, 38 x 46 cm, Musée Marmottan Monet, Paris. Courtesy Kunsthaus Zürich
Camille Pissarro, Les bords de la Marne à Chennevières, c. 1864–1865. Oil on canvas, 91.5 x 145.5 cm, National Galleries Scotland, Edinburg, purchased 1947. Courtesy Kunsthaus Zürich
James Tissot, Portrait de Mademoiselle L.L., 1864. Oil on canvas, 123.5 x 99 cm, Musée d’Orsay, Paris. Courtesy Kunsthaus Zürich