Apollon et Amphitrite Deux statuettes en bronze très finement ciselé et patiné. Epoque Louis XIV. Photo Thierry De Maigret
(légères griffures ou usures de patine) H: 37,5 cm. Estimation : 100 000 - 120 000 €
Dans sa biographie, publiée en 1690, Guillet de Saint-Georges mentionnait que Michel Anguier (1612-1686) avait réalisé en 1652 une série de statuettes en bronze figurant des dieux et des déesses. Saint-Georges listait six figures incluant notamment «une Amphitrite tranquille, fraîche délicate, claire et transparente, son visage agréable et tout le reste de son corps de mesme...ses drapperies seront amples délicattes et ondées...», dont le modèle correspond à l'exemplaire que nous proposons. L'écrevisse posée sur son avant-bras et le dauphin à ses pieds sont deux attributs qui permettent de définir le personnage liéà la mer. Les modèles originaux d'Anguier, hauts de 18 pouces (45 cm), avaient été commandés par le joaillier du roi Pierre Le Tessier de Montarsy (voir I. Wardropper, «Michel Anguier's series of bronze gods and goddesses: a re-examination», Marsyas, XVIII, 1975, p.23-36) et rencontrèrent un immense succès. Le sculpteur réemploya la composition de l'Amphitrite notamment en 1654 pour la création de la statue en pierre calcaire, d'une série de quatorze, commandée par Nicolas Fouquet, ministre des finances de Louis XIV, pour la galerie des dieux de son château de Saint-Mandé (la sculpture appartient de nos jours aux collections du Toledo Institute of Art); puis, quelques décennies plus tard, il reprit le modèle pour la statue de marbre du Bosquet de la Renommée dans les jardins du château de Versailles (Musée du Louvre, Inv. MR 1753).
Au XVIIIème siècle, quelques exemplaires firent leur apparition dans certaines grandes collections au cours des ventes aux enchères de l'époque, notamment chez les amateurs Crozat et Blondel de Gagny.
De nos jours, plusieurs exemplaires en bronze sont répertoriés: voir notamment ceux conservés à la Walters Art Gallery de Baltimore et au musée du Louvre à Paris; ce dernier, provenant des collections Le Nôtre, se trouvait en 1707 dans la chambre de la duchesse de Bourgogne au château de Versailles (voir le catalogue de l'exposition Les bronzes de la Couronne, RMN, 1999, p.130, catalogue n°180). Certaines réductions en bronze de l'Amphitrite tranquille furent, dès la fin du XVIIème siècle, associées en paire avec un Bacchus tenant une coupe et une grappe de raisins. La figure du jeune Dieu est attribuée au sculpteur Louis Garnier (1638-1728) sur la base d'une gravure de Louis Deplace (1682-1739).
Cette paire connaîtra un immense succès auprès des collectionneurs tout au long du XVIIIème siècle. La première mention d'une paire de ce type date de 1699, année au cours de laquelle Raymond Le Plat acquiert de nombreux groupes et statuettes en bronze à Paris pour le compte d'Auguste Le Fort; les figures sont toujours conservées à Dresde au Grünes Gewölbe (Inv. IX 38) (voir la figure de Bacchus illustrée dans A. Gibbon, Bronzes français du Grand Siècle, 1985, p.19, fig.13). D'autres paires, avec des variantes dans les dimensions, figurent dans d'importantes collections publiques et privées, citons particulièrement celle qui fut présentée à l'exposition The French Bronze 1500-1800, M. Knoedler & Co, New York, 1968, catalogue n°19 A et B.
Thierry De Maigret. Mercredi 05 juin à 13h45. Hôtel Drouot - Salles 5 & 6. EMail : contact@thierrydemaigret.com - Tél. : 01 44 83 95 20