Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche. Deux médaillons formant pendant. Attribuéà Antoine Coysevox (1640-1710). Paris, vers 1680-1690. Photo courtesy Kohn
Marbre blanc. H. 53 cm, L. 41 cm. Estimation : 100 000 / 150 000 €
Réalisés en bas relief les portraits du Roi de France et de son épouse, présentés de profil sur un fond ovale, se font face. Marie-Thérèse, au port altier, est coiffée d’une épaisse chevelure bouclée retenue en chignon souple dont quelques mèches s’échappent pour tomber sur l’épaule. Parée de perles, elle revêt une robe aux larges drapés retenus par deux broches. Face à elle, le Roi est coiffé d’une épaisse perruque bouclée tombant sur les épaules et se présente à la manière antique portant une armure ornée d’un mufle de lion.
Il porte une fine moustache qu’il rasera en 1694, permettant une datation précise des portraits du Roi.
L’ensemble de la composition, traitée à la fois avec puissance, notamment dans le rendu des boucles lourdes et profondes, mais également avec finesse et souci du détail, témoigne de la virtuosité de son auteur, artiste de grand talent qui a sut rendre perceptible la grandeur de ces deux personnes royales et leur réalisme psychologique.
Ces portraits sont à rapprocher des deux médaillons placés sur le cénotaphe de Louis XIV et de Marie-Thérèse dans la crypte de l’Abbaye de Saint-Denis attribués à Antoine Coysevox.
Les similitudes sont frappantes tant pour l’un que pour l’autre.
La Reine montre cette même coiffure, ces traits lourds, cette expression hautaine et détail particulièrement notoire, cette perle baroque montée en pendant d’oreille.
Le Roi, quant à lui, présente cette ligne de nez identique, cette lourde chevelure aux boucles profondes et cette petite moustache. Sculpteur du Roi en 1666, Antoine Coysevox contribua aux travaux de décoration de Versailles, de Marly, de Chantilly et de Sceaux. En parallèle de ces grandes commandes, Coysevox réalisa de nombreux portraits en buste de la famille royale et de son entourage, tels que Colbert,
Mazarin, Vauban ou Henri de la Tour d’Auvergne.
Il achèvera sa brillante carrière en qualité de Directeur de l’Académie en 1702. Son OEuvre est immense. Conservé dans les plus grandes institutions muséales, il fut le modèle de nombreux sculpteurs de son époque et des siècles suivants. Puissants, expressifs et chargés d’émotion, ses portraits transcrivent la personnalité de ses modèles avec beaucoup de réalisme teinté d’un soupçon d’idéalisme.
Témoignages exceptionnels de l’art du portrait royal au subtil rendu psychologique, ces profils ont été, de par l’importance de leur créateur, la qualité du poli du matériau et le rendu des traits et des expressions, probablement conçus pour répondre à une commande destinée à un haut dignitaire ou à une institution.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES: Georges Keller-Dorian, Antoine Coysevox (1640-1720), catalogue raisonné de son oeuvre, tome I, Paris, 1920, n°28, p.34-35 et n°35, p.47-48 (reproduit planches 49 et 62)
James G. Mann, Wallace collection catalogues /Sculpture, Londres, 1981, p.6 (reproduit, plate 6)
Sarah Munoz, Le portrait royal sculpté en médaillon en France aux XVIe et XVIIe siècles : de François Ier à Louis XIV, Les Cahiers de la Framespa, novembre 2012 (http://framespa.revues.org/1965)
Kohn. Mardi 2 juillet 2013. HÔTEL LE BRISTOL – SALON CASTELLANE 112 rue du Faubourg Saint Honoré– 75008 Paris.