Pendule à l'éléphant en bronze patiné et doré. XVIII° siècle. Photo Europ Auction
Elle repose sur une base trapézo?dale de bronze doré avec en façade deux pilastres à canaux entourant une réserve en dentelle de laiton ajouré. L'éléphant, à patine brun-rouge, statique, lève sa tête en agitant sa trompe, comme pour barrir. Il porte sur son dos, à la façon d'un palanquin, la pendule elle-même, entourée de simples volutes et sommée d'un anneau de feuillage. Le cadran est en émail, avec deux carrés de remontoir à 4 et 8 heures, les heures inscrites en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes. Il est signé"Colin de la glizière". Le mouvement est signé"Colin de la Glizière", Jean-Baptiste Colin de Laglizière, reçu maître à Paris en 1729. H 53, L 30, P 20 cm. Estimation : 80 000 / 100 000 €
Ce type de pendule très en vogue au milieu du siècle rappelle davantage le goût pour la « chinoiserie « que l'art animalier. En effet, sans être « réaliste « notre éléphant est proche des pachydermes d'Asie, où d'ailleurs la trompe levée est un symbole de félicité. Il participe de toute une ménagerie, alliant le pittoresque à l'exotique, o? se mèlent chameaux, sangliers, rhinocéros, taureaux, lions ou chevaux... parfois de porcelaine.
La forme très particulière de la trompe de notre éléphant, une sorte de tentacule ou de tresse, n'est pas sans rappeler les représentations de l'animal par Oudry illustrant les « Fables de la Fontaine «, publiées en quatre volumes de 1755 à 1759. Notre pendule s'inscrit à un tournant des Arts décoratifs quand se combinent rocaille et néoclassicisme. Si l'éléphant appartient incontestablement au registre baroque, le décor de la pendule est très assagi, avec un socle «à l'Antique «.
Cette dichotomie est renforcée par l'opposition dans le traitement de la matière : éléphant à patine brune/ socle et pendule dorés.
On évolue sensiblement du bibelot vers l'objet architecturé, conçu non plus comme un assemblage de parties étonnantes ou magnifiques mais visant à produire un tout homogène et élégant.
Colin de Laglizière (+ 1767) travailla d'abord comme compagnon chez Claude III Martinot, avant de s'installer rue du Coq Saint-Honoré (1741), puis rue des Fossés-Saint-Jacques. Il utilisa des cabinets de J.J. de Saint-Germain, B. Lieutaud ou des Caffieri, et eut parmi sa clientèle très choisie, à la fois aristocratique et parlementaire, le prince de Montauban (Rohan), le chevalier de Bethisy, le président de Bandeville ou MM. Paris de Montmartel. On lui doit le mouvement de la pendule de Jupiter, avec une caisse de Lieutaud de bronze doré et d'ébène (musée Jacquemart-André, Fontaine- Chaalis).
Europ Auction. Mercredi 14 novembre 2012. Drouot Richelieu - Salle 4 - 9, rue Drouot - 75009 Paris. Tel. +33 (0)1 48 00 20 04