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Terrine à lait première grandeur, provenant de la laiterie de propreté de Marie-Antoinette au Hameau du Petit Trianon à Versaill

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Terrine à lait première grandeur, provenant de la laiterie de propreté de Marie-Antoinette au Hameau du Petit Trianon à Versailles, en porcelaine de Paris de la manufacture de la rue Thiroux, 1786 - photo Sotheby's

en forme de jatte circulaire creuse, le bord supérieur droit, munie d’un déversoir à décor polychrome au fond et centre d’un bouquet de fleurs contenu dans un médaillon formé d’une guirlande de feuillage et cerné d’un semis de fleurettes ; le bord supérieur est décoréà l’intérieur et à l’extérieur d’un galon formé d’une guirlande de barbeaux et de guirlandes de feuilles de chêne et filets dentelés or, l’extérieur est également décoré d’un semis de fleurettes ; marquéA couronné en rouge pour Antoinette, manufacture d’André-Marie Leboeuf, rue Thiroux, dite Manufacture de la Reine. Long. 41,5 cm, haut. 13,5 cm. Estimation: 70,000 - 100,000 EUR. Lot. Vendu 96,750 EUR

PROVENANCE: Marie-Antoinette, au Hameau du Petit Trianon

NOTE DE CATALOGUE: La manufacture dite de la Reine est fondée par André Leboeuf qui dépose une soumission devant le Lieutenant Général de Police le 9 septembre 1776 et obtient l’autorisation de créer une manufacture de porcelaine rue Thiroux à la Chaussée d’Antin. Dès juillet 1777, Leboeuf avertit le public au travers des Annonces, Affiches et Avis divers que la manufacture est en état de produire des « pièces de service et d’utilité, de goût et de décoration et des groupes en biscuits ». Un an plus tard, en décembre 1778, Leboeuf annonce dans la même feuille que « La Reine voulant bien honorer de sa protection leur établissement et permettre qu’il porte son auguste nom, chaque pièce nouvellement fabriquée sera désormais marquée au dessous d’un A couronné, première lettre du nom de Sa Majesté».

La grande majorité des manufactures parisiennes ont, en effet, rapidement recherché la protection d’un membre de la famille royale. Ainsi le comte de Provence, le comte d’Artois, le duc d’Orléans, la reine et même le très jeune duc d’Angoulême âgé de 6 ans accordent leur patronage à une manufacture privée. L’intérêt principal pour les manufactures est de lutter plus efficacement contre le privilège de la manufacture royale de Sèvres, mais également de bénéficier de certains avantages comme la possibilité d’apposer les armoiries illustres au-dessus de la porte ou sur les factures ou encore d’utiliser comme marque un monogramme formé des initiales des protecteurs. Cette protection offre aussi un accroissement de la clientèle, au premier rang de laquelle figure le protecteur lui-même : le duc d’Orléans commande un service avec chiffre de monseigneur à la manufacture de Séguin à Vincennes (Arch. Nat. X ia 9181, f° 40), le comte d’Artois possédait un exemplaire du livre La Richesse de l’Etat écrit Bourdon des Planches avec plats de reliure en porcelaine réalisés à la manufacture de la rue du Faubourg Saint Denis en 1785. Il est également attesté que la manufacture de la rue Thiroux livre en 1785 et 1786 des porcelaines à Marie-Antoinette pour Fontainebleau, ses petits appartements aux Tuileries et son château de Trianon (Arch. Nat. O 1 3792).

Il est rare de pouvoir identifier ces objets et notre terrine constitue en cela une exception car sa provenance est attestée par des documents d’archives et l’existence d’autres terrines du même ensemble. Deux terrines à lait de même décor et de la deuxième grandeur (long. 34,8 cm) ont été acquises en 2000 par le château de Versailles et ont fait l’objet d’un article détaillé (Christian Baulez, « Deux terrines de la Manufacture de la Reine », Versalia, n°4, 2001, p.16 et 17). Deux autres également de la deuxième grandeur sont récemment passées en vente publique (Sotheby’s, Paris, 29 mars 2007, lot 75 et 9 novembre 2010, lot 200).

Une tradition associait ces terrines à la reine Marie-Antoinette et à la laiterie de Trianon. Une terrine à lait, de même forme et de même décor mais d’une troisième grandeur, plus petite encore, passée en vente publique en 1990, était également reliée par tradition familiale au Hameau de la Reine (Drouot, Ader Picard Tajan, collection Le Tallec, 9 novembre 1990, lot 880, diam. 29,5 cm). Il faut souligner qu’aucune autre jatte de cette forme associée à un autre décor n’est aujourd’hui connue. 

Plusieurs documents conservés aux Archives Nationales attestent qu’en 1786 la manufacture de la rue Thiroux livre des porcelaines pour la laiterie du Hameau de Trianon (Arch. Nat. O1 1878 ; dossier 2). La commande, ordonnée par l’architecte de la reine, Richard Mique, est connue par une copie de l’extrait de la livraison le 28 novembre 1786 :
Fourni pour le hameau du Petit Trianon par la manufacture des porcelaines de la Reine, par ordre de Monsieur Mique
12 terrines à lait 1er gr. (grandeur), décorées……….…. à.....150#.…1800
24 dites idem 2e gr. …………..……………………à.…120# .…2880
12 dites idem 3e gr. …………..……………………à…...72#…...864
6 fromagers et plateaux ………………………….....à…...36#…...216
6 tasses et soucoupes …………………………….....à…...12#……72
2 beurriers ronds ………………………………….à…...24#…….48
8 brocs …………………………………..………à…...24#…...192
6 assiettes ………………………………..………à…...10#…….60
2 battes à beurre …………………………...….….à….120#…...240
Total 6.372 livres
Quarante-huit terrines à lait de trois grandeurs différentes sont donc livrées en 1786. 

Notre terrine à lait, plus grande que les cinq autres actuellement connues, correspond à l’une des douze de la première grandeur et vient ainsi confirmer le rapprochement entre cette livraison de 1786 et les terrines connues. La jatte de l’ancienne collection Le Tallec serait ainsi l’une des douze de troisième grandeur et la deuxième grandeur connue par les deux jattes conservées à Versailles et celles présentées dans ces salles en 2007 et 2010.

Il est probable que les porcelaines livrées en 1786 par la manufacture de la rue Thiroux furent destinées à la laiterie de propreté où la reine venait goûter en petite compagnie, et disposées dans les niches et sur la table centrale et les tables d’appui en marbre blanc veiné livrées la même année par le marbrier Le Prince. (Annick Heitzmann, « Restauration au Hameau de Trianon : La tour de Marlborough et la laiterie », Versalia, n°5, 2002, p.32-43 et « Laiteries royales, laiteries impériales : Trianon et Rambouillet », Histoire de l’art n° 11, octobre 1990).

Christian Baulez (op. cit.) identifie une importante partie de ces porcelaines vendue en 1793 lors des ventes révolutionnaires en un lot composé de quarante quatre terrines, deux fromagers et leurs soucoupes, quatre petits brocs et une barratte le tout de porcelaine de la Chaussée d’Antin adjugé au citoyen Berton aîné le 27 Brumaire An II (17 novembre 1793) pour 510 livres 1 sol (Arch. Dep. Yvelines, 2 Q 70, 11eme cahier, lot 5146, article 1389). Les deux terrines à lait conservées au château de Versailles ont récemment figuré aux expositions à Paris, MarieAntoinette (Selma Schwartz, catalogue de l'exposition au Grand Palais, 2008, n° 209, p. 285) et à Bordeaux, MarieAntoinette à Versailles : Le goût d'une reine (Bernadette de Boysson et Xavier Salmon, catalogue de l'exposition au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, 2005).

Sotheby's. Important Mobilier, Sculptures et Objets d'Art. Paris | 09 nov. 2012 www.sothebys.com


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