Pousse-pousse de l'Impératrice Tu Minh, Vietnam, fin XIXe-début XXe siècle. Photo Rouillac
Blois, 13 juin 2014 (AFP) Le pousse-pousse de l'impératrice vietnamienne Tu-Minh, vendu aux enchères vendredi à Cheverny en France, est l'enjeu d'un bras de fer entre l'Etat vietnamien, qui s'est porté acquéreur pour la somme de 55.800 euros, et l'Etat français qui a fait jouer son droit de préemption en faveur du Musée Guimet d'Arts asiatiques de Paris.
Le pousse-pousse, fabriqué en bois dur du Tonkin, laqué noir avec incrustations de nacre formant des décors de fleurs, branchages et paysages avait été offert par l'empereur Than-Thaï (1879-1954) à sa mère Tu-Minh pour ses promenades dans les jardins impériaux.
L'objet avait été acquis en 1907 auprès du souverain, en exil suite à son abdication, par Prosper Jourdan, inspecteur responsable de la Garde indigène de l'empereur.
Les quatre petits-enfants de M. Jourdan ont décidé de s'en séparer, ainsi que d'un lit impérial, acheté par le représentant d'une famille princière vietnamienne pour la somme de 124.000 euros. La vente avait été confiée à la maison Rouillac de vente aux enchères à Tours (centre).
Aussitôt après l'adjudication du pousse-pousse à une délégation de l'ambassade du Vietnam à Paris, Katia Mollet, responsable des expositions du Musée Guimet, a annoncé que l'Etat français préemptait l'objet.
Michel Jourdan a déclaréà l'AFP être "chagriné" par la décision de l'Etat français. Qualifiant la décision de préemption de "diplomatiquement incorrecte", il a indiqué que la préférence des héritiers du chef de la garde indigène de l'empereur allait à un retour de l'objet à la cité impériale de Hué pour y être exposé.
"L'Etat français a 15 jours pour confirmer la préemption", a préciséà l'AFP Me Aymeric Rouillac en laissant entendre que de fortes pressions diplomatiques d'Hanoï devraient s'exercer d'ici là pour faire renoncer Paris à sa décision.