'Caquesseitao' en argent, Portugal ou Indes Portugaises, vers 1700 - Sotheby's
le corps creusé d'un compartiment tout du long se terminant en une queue de poisson dévissable, surmonté d'un couvercle repercé détachable, la prise en forme de lion, couvrant un plus petit compartiment également percé de chaque côté et orné d'une grille repercée, cachée sous chacune des ailes, l'anse pivotante, la langue cachant un bec verseur; 47 cm, 5049.3 gr ; 18 ½ in, 162oz 6dwt. Estimation: 200,000 - 300,000 EUR
An Indo-Portuguese silver model of a 'Caquesseitao', circa 1700, hollow with screw-off tail, heater and vents compartment with pierced cover, cylindrical spout under prominent tongue and hinged wings
PROVENANCE: Marqueses of Alegrete
EXHIBITED: Lisbon, The Ricardo do Espirito Santo Silver Foundation, Exposiçao de Ourivesaria Portuguesa e Francesca, AprilMay 1955, no. 112.
Lisbon, Casa dos Bicos, XVII Exposiçao de Arte Cultura e Ciência do Conselho da Europa, 1983, no. 9.
LITTERATURE: Lisbon, The Ricardo do Espirito Santo Silver Foundation, Exposiçao de Ourivesaria Portuguesa e Francesca, AprilMay 1955, fig. 55.
R. Dos Santos and I. Quilho, Ouriversaria Portuguesa nas Coleccões Particulaes, Lisbon, 1974.
L. Castelo Lopez, 'O fantastico na ourivesaria - o Caquesseitao', il Colóquio Português de orivesaria, Escola das Artes da Universidade Católica Portuguesa (UCP), 26-28 September 2008, p. 146, fig. 3.
Associated literature
1. Empires beyond the Great Wall: the Heritage of Genghis Kahn, Museum of National History, New York, 1994, ill.66, p. 104.
2. Luis Castelo Lopes, 'O fantastico na ourivesaria - o Caquesseitao', il Colóquio Português de orivesaria, Escola das Artes da Universidade Católica Portuguesa (UCP), 26-28 September 2008.
NOTE: L'animal Caquessetaio, littéralement "ancêtres du démon", fut pour la première fois mentionné par le célèbre explorateur portugais Fernao Mendes Pinto (vers 1509-1583) dans son œuvre posthume Peregrinacao (Pélerinages) publiée à Lisbonne en 1614: "Nous avons vu là-bas ce qui était pour nous un animal très inhabituel et étrange que les indigènes appellent caquesseitao, de la taille d'un gros canard, de couleur noire, recouvert d'écailles, une rangée d'épines sur son dos [...], des ailes telles celles d'une chauve-souris et une très longue queue vert noirâtre [...] ces créatures [...] volent comme si elles bondissaient dans les airs"
Il semblerait que la créature que Pinto aperçut était une chauve-souris, celle appelée communément 'renard volant' ou roussette, mais sa description pour le moins exotique a été très probablement inspirée par d'autres bêtes mythologiques similaires que l'on retrouve dans les arts décoratifs d'Orient et d'Occident, tel cet aquamanile en porcelaine de Chine d’époque Liao (907-1125).
C'est pourtant dans l'art indo-portugais du XVIIe siècle que l'on retrouve précisément cette forme de caquesseitao, doté de pattes d'oiseaux, d’un corps ailéàécailles et d’une tête de dragon d’où sort une langue très visible. Ornés de cette créature, on peut citer pêle-mêle deux dessus de lit indo-portugais du XVIIe siècle, un plat portugais en argent, vers 1690-1720 et un coffret indo-portugais du XVIIe siècle en écaille. Sa forme naturelle s'adaptant parfaitement pour servir de l'eau comme aquamanile, le caquesseitao a étéégalement utilisé comme tel en argent, et 7 modèles sont connus à ce jour, en incluant celui présenté ici. La majorité figure dans des collections particulières portugaises, mais un se trouve au musée national de la Renaissance, château d'Ecouen. Quatre ont également les flancs percés et un couvercle détachable. Traditionnellement considérés comme brûle-parfums, ils pourraient tout aussi bien contenir de l'eau chaude. Quoiqu'il en soit, ces caquesseitao en argent étaient tout paticulièrement prisés: le roi Dom Fernando IIdu Portugal en possédait un dans son cabinet de travail au Palaccio das Necessidades, tout comme le prince russeFélix Youssopov, (ce dernier fut confisqué lors de la révolution russe), et celui du baron James de Rothschild est désormais au Musée d'Ecouen.
Manuel Teles da Silva (1641-1709), deuxième comte de Vila Maior, reçut le titre de marquis d'Alegrete en 1687, après avoir négocié le mariage du roi Dom Pedro II du Portugal (1648-1706) avec Marie Sophie du Palatinat (1666-1699). Il participa à la bataille d'Ameixal en 1663 lors de la Guerre de Restauration du Portugal, et fut nommé colonel dès l'âge de 27 ans. Il fut également un des négociateurs du traité de Methuen, traité commercial essentiel pour les relations anglo-portugaises. Le marquis construisit une ferme appelée Quinta Alegrete qui fait désormais partie du patrimoine architectural portugais.
The animal Caquessetaio, or 'ancestors of the devil', was first recorded by the celebrated Portuguese explorer Fernao Mendes Pinto (c. 1509-1583) in his Peregrinacao or Pilgrimages, published posthumusly in Lisbon in 1614: "we also saw here what was for us a very unusual and strange-looking animal that the natives call Caquesseitao, about the size of a big duck, deep black in colour, covered with scales, a row of spines runing down the back...., wings like a bat and a very long, greenish-black tail.... These creatures ... fly as though leaping through the air". The animal which Pinto saw is now thought to be a fruit bat, commonly referred to as the 'flying fox', but his extraordinary description was coloured by earlier mythological beasts found in Oriental and Western art, such as a Chinese faience aquamanile from the Liao dynasty (907-1125).
The specific form of the Caquesseitao however, with bird-like feet, scale-chased body, dragon head, prominent tongue and hinged wings, was a recurrent and popular ornament particularly in Indo-Portuguese Art in the late 17thearly 18th century. For example, two 17th century Indo-Portuguese bed-covers, a Portuguese silver salver, circa 1690-1720 and an Indo-Portuguese tortoiseshell casket, 17th century are all decorated with the image of the Caquesseitao. The model was also developed in silver, its natural shape adapting easily for pourin water as an aquamanile. 7 silver models of Caquesseiato are recorded, including the present example. The majority are in private Portuguese collections, one is in the Musée National de la Renaissance, Château d'Ecouen. Four of these have pierced sides and detachable covers, traditionally thought to be used for burning incense. Buut their function could be as well for pouring and keeping water hot. Silver Caquesseitao were particularly prized: the king of Portugal Dom Fernando II kept one in his study in the Palaccio das Necessidades, the Russian prince Feliz Youssopov had one which was confiscated after the Russian Revolution, and Baron James de Rothschild's is now in the Musee d'Ecouen.
Manuel Teles da Silva (1641-1709), 2nd Earl of Vila Maior, became first Marquis de Alegrete in 1687, after negociating the marriage of King Dom Pedro II of Portugal (1648-1706) with Maria Sofia of the Palatinate (1666-1699). He participated in the battle of Ameixal in 1663 during the Portuguese Restoration War, and was made colonel at the age of 27. He was one of the negociators of the Methuen Treaty in 1703, a commercial treaty which cemented the relationship between Portugal and England. The Marques built a farm called Quinta Alegrete, which is now part of the Portuguese National Heritage.
Aquamanil en forme de dragon volant ; art colonial hispanique © RMN-Grand Palais (Musée de la Renaissance, château d’Ecouen) / René-Gabriel Ojéda
Sotheby's. Orfèvrerie Européenne, Boîtes en Or et Objets de Vitrine. Paris | 26 juin 2013 www.sothebys.com